Quantcast
Channel: ΔΉΘΕΝ
Viewing all articles
Browse latest Browse all 9990

Mon enlèvement en Crimée, un long moment d’horreur

$
0
0

Mon enlèvement en Crimée, un long moment d’horreur

1

Voici un article publié et traduit par le Courrier international. D’abord il faut noter que cet article fait état d’une situation extrêmement tendue et parfois proche de la guerre civile. Il n’y a pas qu’en Crimée même si l’occident ne couvre que cette presqu’île pour nous y présenter une forteresse assiégée, dans d’autres zones russophones il y a eu hier un mort et une dizaine de blessés. Comme les communication du parti communiste ukrainien font état de pression sur leurs militants (voir des tortures comme le secrétaire de LLiv qui est toujours à l’hôpital). L’Ukraine est au bord de la guerre civile si elle n’y est déjà et les conditions matérielles vécus par les habitants avec un Etat en faillite n’arrangent rien. Ce que nous montre la presse occidentale c’est ce type de témoignage, il n’est pas question de le mettre en doute même si le journal dont cette jeune femme est reporter n’est pas indifférent. C’est une journaliste de La Semaine ukrainienne", fondée en 2007, s’intéresse plus particulièrement aux questions de société et aux relations entre l’Ukraine et la Russie. Oukraïnsky Tyjden est un magazine haut de gamme, très illustré qui s’adresse à “lectorat aussi bien masculin que féminin, âgé de 21 à 55 ans, de la classe moyenne, représentant les professions libérales”. Un titre haut de gamme et un magazine engagé vers l’Europe et bénéficiant de fonds occidentaux. Lancé en 2007 dans le sillage de la “révolution orange” (novembre-décembre 2004), il vise aussi bien les cadres que les étudiants, Il propose des enquêtes, des reportages, un suivi de l’actualité nationale et internationale, mais aussi des pages récurrentes consacrées à la culture et à l’histoire qui vont dans le sens de l’occidentalisation et le nationalisme ukrainien. Bref dans cette période c’est un journal de "combat"… Maintenant voyons le texte, on peut s’étonner qu’une journaliste se rendant en Crimée pour y faire un reportage soit obligée devant une patrouille de planquer des drapeaux jaunes et bleus.. mais passons .Tout est dit de la part de cette personne quand la journaliste "objective" déclare: "Le ton monte encore, on nous accuse de provocation, nous traite de "chiennes bandéristes" [du nom de Stepan Bandera, chef du mouvement insurrectionnel ukrainien pendant la Seconde Guerre mondiale, considéré comme un collaborateur par les Soviétiques et encore aujourd'hui par les Russes]." On voit que pour elle Bandera n’est pas un collaborateur, lui qui portait l’uniforme de la SS… peut-être ce que vous racontez est vrai, peut-être que c’est une provocation… En tous les cas c’est tout sauf un reportage pris sur le vif par un témoin objectif, ce qui est pourtant le choix éditorial de Courrier International. (note de Danielle Bleitrach)
Le 9 mars dernier, Olena Maxymenko, pigiste permanente d’Oukraïnsky Tyjden envoyée en Crimée, était enlevée par des hommes armés. Libérée deux jours plus tard, elle témoigne.
Oukraïnsky Tyjden
| Olena Maxymenko
13 mars 2014
Olena Maxymenko, 27 ans, journaliste pour Oukraïnsky Tyjden, enlevée en Crimée pendant deux jours. – Photo : Oukraïnsky Tyjden Olena Maxymenko, 27 ans, journaliste pour Oukraïnsky Tyjden, enlevée en Crimée pendant deux jours. – Photo : Oukraïnsky Tyjden
Notre "équipage" d’aventurières se rapproche de la frontière avec la Crimée. Nous avons toutes des objectifs différents : l’une tient à voir de plus près ce qui se passe là-bas et à rendre visite à des proches, l’autre veut faire une série de photos, la troisième écrire un reportage. Nous ne sommes unies que par une chose : la peur quant à l’avenir de la région et de ses habitants.
Les rumeurs les plus diverses courent au sujet des postes de contrôle, mais aujourd’hui, comme nous l’ont affirmé des sources bien informées, tout est calme. Bien sûr, mieux vaut mettre de côté la langue ukrainienne et tous les symboles qui y sont liés. Prudemment, je range mes rubans bleus et jaunes.
La frontière ressemble à celle qui sépare deux Etats : nous franchissons d’abord le poste de contrôle ukrainien, où nous sommes bien reçues et où l’on consulte nos papiers d’identité avant de nous souhaiter bon voyage. Ensuite, direction les "petits hommes verts" [surnom donné en Ukraine aux soldats "inconnus" déployés par la Russie un peu partout en Crimée] et de vieilles connaissances : des représentants des Berkouts [les unités antiémeute de l'ancien régime].
"Les journalistes ne viennent en Crimée que pour déformer"
"Le but de votre voyage ?" nous demandent d’un ton sec les hommes en vert, avant de nous ordonner de descendre du véhicule. En une fraction de seconde, tous nos effets personnels se retrouvent étalés par terre. Nos appareils photos, nos cartes de presse et un gilet pare-balles (portant la mention "presse", comme il convient), sont autant de preuves de nos "intentions criminelles", et justifient l’agression dont nous sommes victimes.
"Tous les journalistes ne viennent en Crimée que pour déformer ce qui s’y passe", nous disent-ils. "Pas besoin de ça, ici, tout va bien, tout est calme ! Et vous, là, qui venez faire des photos ici ! Ici, nous ne tolérons pas le désordre !" crache un des gardes. Ces hommes, des militaires russes, des "cosaques" et des Berkouts, suivent tous le même code vestimentaire, ils portent des rubans tricolores [blanc-bleu-rouge, couleurs du drapeau russe] ou orange et noir, le ruban de Saint-Georges [la plus haute décoration militaire russe, devenue un symbole nationaliste dans la Russie de Vladimir Poutine].
Le ton monte encore, on nous accuse de provocation, nous traite de "chiennes bandéristes" [du nom de Stepan Bandera, chef du mouvement insurrectionnel ukrainien pendant la Seconde Guerre mondiale, considéré comme un collaborateur par les Soviétiques et encore aujourd'hui par les Russes].
"Personne ne viendra vous chercher !"
Ce qui se passe ensuite n’est qu’un long moment d’horreur. Ils nous embarquent en voiture jusqu’à un fossé, nous obligent à nous y agenouiller et nous menacent de mort. "Vous voyez, pas de témoins, on a creusé un trou – personne ne viendra vous chercher ! Allez les gars, butez-les !" Ils nous insultent, nous balancent une litanie chaotique de faits "historiques" censée démontrer que nous ne méritons pas de vivre sur une planète déjà surpeuplée et qu’il faut la nettoyer de la racaille dans notre genre. Des coups de feu éclatent. "Hahaha, raté !"
On m’ordonne de retirer mes lacets. Puis une femme qui se présente comme un médecin me hurle que je suis une droguée parce que mes pupilles sont dilatées, dit qu’elle m’a vue sur la 5e Chaîne. Une autre question fuse : "Combien ils te payent ?" Un des "cosaques" m’exhibe un passeport, me déclare que maintenant que je sais qui il est, et où, je dois mourir. Je prends un coup sur la tête, on m’agrippe par les cheveux.
Ils nous entraînent dans une cave, et là, nous nous disons que tout est fini. On nous attache les poignets, avec du ruban adhésif ou des menottes en plastique, et on nous emmène vers une destination inconnue. Les hommes qui nous accompagnent se montrent plus aimables, nous assurent qu’il ne nous arrivera rien de mal sauf s’il s’avère que nous sommes des extrémistes. Nous sommes apparemment maintenant entre les mains des forces "d’autodéfense de Crimée", dont les membres ne nous cachent pas qu’ils sont des militaires russes.
"Se moquent-ils de nous, ou peut-on parler ‘d’hospitalité’ ?"
Mon enlèvement en Crimée, un long moment d’horreur
Le 9 mars dernier, Olena Maxymenko, pigiste permanente d’Oukraïnsky Tyjden envoyée en Crimée, était enlevée par des hommes armés. Libérée deux jours plus tard, elle témoigne.
Oukraïnsky Tyjden
| Olena Maxymenko
13 mars 2014
| 0
Partager :
Olena Maxymenko, 27 ans, journaliste pour Oukraïnsky Tyjden, enlevée en Crimée pendant deux jours. – Photo : Oukraïnsky Tyjden Olena Maxymenko, 27 ans, journaliste pour Oukraïnsky Tyjden, enlevée en Crimée pendant deux jours. – Photo : Oukraïnsky Tyjden
Notre "équipage" d’aventurières se rapproche de la frontière avec la Crimée. Nous avons toutes des objectifs différents : l’une tient à voir de plus près ce qui se passe là-bas et à rendre visite à des proches, l’autre veut faire une série de photos, la troisième écrire un reportage. Nous ne sommes unies que par une chose : la peur quant à l’avenir de la région et de ses habitants.
Les rumeurs les plus diverses courent au sujet des postes de contrôle, mais aujourd’hui, comme nous l’ont affirmé des sources bien informées, tout est calme. Bien sûr, mieux vaut mettre de côté la langue ukrainienne et tous les symboles qui y sont liés. Prudemment, je range mes rubans bleus et jaunes.
La frontière ressemble à celle qui sépare deux Etats : nous franchissons d’abord le poste de contrôle ukrainien, où nous sommes bien reçues et où l’on consulte nos papiers d’identité avant de nous souhaiter bon voyage. Ensuite, direction les "petits hommes verts" [surnom donné en Ukraine aux soldats "inconnus" déployés par la Russie un peu partout en Crimée] et de vieilles connaissances : des représentants des Berkouts [les unités antiémeute de l'ancien régime].
"Les journalistes ne viennent en Crimée que pour déformer"
"Le but de votre voyage ?" nous demandent d’un ton sec les hommes en vert, avant de nous ordonner de descendre du véhicule. En une fraction de seconde, tous nos effets personnels se retrouvent étalés par terre. Nos appareils photos, nos cartes de presse et un gilet pare-balles (portant la mention "presse", comme il convient), sont autant de preuves de nos "intentions criminelles", et justifient l’agression dont nous sommes victimes.
"Tous les journalistes ne viennent en Crimée que pour déformer ce qui s’y passe", nous disent-ils. "Pas besoin de ça, ici, tout va bien, tout est calme ! Et vous, là, qui venez faire des photos ici ! Ici, nous ne tolérons pas le désordre !" crache un des gardes. Ces hommes, des militaires russes, des "cosaques" et des Berkouts, suivent tous le même code vestimentaire, ils portent des rubans tricolores [blanc-bleu-rouge, couleurs du drapeau russe] ou orange et noir, le ruban de Saint-Georges [la plus haute décoration militaire russe, devenue un symbole nationaliste dans la Russie de Vladimir Poutine].
Le ton monte encore, on nous accuse de provocation, nous traite de "chiennes bandéristes" [du nom de Stepan Bandera, chef du mouvement insurrectionnel ukrainien pendant la Seconde Guerre mondiale, considéré comme un collaborateur par les Soviétiques et encore aujourd'hui par les Russes].
"Personne ne viendra vous chercher !"
Ce qui se passe ensuite n’est qu’un long moment d’horreur. Ils nous embarquent en voiture jusqu’à un fossé, nous obligent à nous y agenouiller et nous menacent de mort. "Vous voyez, pas de témoins, on a creusé un trou – personne ne viendra vous chercher ! Allez les gars, butez-les !" Ils nous insultent, nous balancent une litanie chaotique de faits "historiques" censée démontrer que nous ne méritons pas de vivre sur une planète déjà surpeuplée et qu’il faut la nettoyer de la racaille dans notre genre. Des coups de feu éclatent. "Hahaha, raté !"
On m’ordonne de retirer mes lacets. Puis une femme qui se présente comme un médecin me hurle que je suis une droguée parce que mes pupilles sont dilatées, dit qu’elle m’a vue sur la 5e Chaîne. Une autre question fuse : "Combien ils te payent ?" Un des "cosaques" m’exhibe un passeport, me déclare que maintenant que je sais qui il est, et où, je dois mourir. Je prends un coup sur la tête, on m’agrippe par les cheveux.
Ils nous entraînent dans une cave, et là, nous nous disons que tout est fini. On nous attache les poignets, avec du ruban adhésif ou des menottes en plastique, et on nous emmène vers une destination inconnue. Les hommes qui nous accompagnent se montrent plus aimables, nous assurent qu’il ne nous arrivera rien de mal sauf s’il s’avère que nous sommes des extrémistes. Nous sommes apparemment maintenant entre les mains des forces "d’autodéfense de Crimée", dont les membres ne nous cachent pas qu’ils sont des militaires russes.
"Se moquent-ils de nous, ou peut-on parler ‘d’hospitalité’ ?"
Via
http://histoireetsociete.wordpress.com/2014/03/14/mon-enlevement-en-crimee-un-long-moment-dhorreur/

Viewing all articles
Browse latest Browse all 9990

Trending Articles