Ukraine : un traquenard russe pour les Occidentaux ? l’analyse des Echos
Voici une analyse du journal financier Les ECHOS. Elle mérite qu’on s’y arrête. Devant le silence de Poutine, je n’ai cessé de m’interroger pour les raisons énoncées ici et puis j’ai pensé non seulement à une partie d’échec, image obligée dès qu’il est question des Russes, mais surtout au film d’Eisentein Alexandre Newski dans lequel le héros national russe laisse avancer les chevaliers teutoniques jusqu’à ce qu’il les prenne en tenaille sur un lac gelé et là c’est l’effondrement, la glace rompt et l’armée est engloutie. Ce film sorti en 1938 est une commande de Staline, pratiquement une analyse stratégique contre le nazisme, mais les Japonais sont aussi visés. la musique de Prokoviev crée un contexte génial qui fait alterner l’épique et le comique. Le but de ce blog est de se faire rencontrer parfois d’une manière surréaliste Alexandre Nevski et le journal financier français. (note de Danielle Bleitrach
LE CERCLE. Et si l’Ukraine était un piège pour les Occidentaux dont les Russes savaient à l’avance qu’ils en sortiraient militairement et diplomatiquement gagnant ?
J DEMPLOI
Analyste en stratégie politique
J DEMPLOI
Analyste en stratégie politique
Les protestations timides de la Russie sur le dossier ukrainien étaient troublantes ; comment en effet Poutine, à la tête d’une Russie revenue au premier rang diplomatique sur d’autres dossiers plus lointains et moins sensibles, pouvait-il être aussi timoré sur le dossier ukrainien ?
Certes, il y eut bien quelques réactions notifiables de la diplomatie russe sur la Révolution ukrainienne, mais elles n’étaient pas à la mesure des enjeux. L’Ukraine étant un voisin direct de la Russie, mais aussi et surtout un enjeu économique et géostratégique.
Pourquoi alors cette souplesse russe jusqu’aujourd’hui ?
La réponse à cette interrogation se trouve sans doute dans la volonté des Russes de finir la fête des Jeux olympiques dans une ambiance parfaite. Mais pas seulement, car le silence russe pourrait finalement être qu’un formidable piège diplomatique tendu aux Occidentaux.
En Ukraine, la Russie joue quasiment à domicile, que ce soit économiquement, politiquement ou militairement. Et sur ce point, malgré le ton dur des Américains, personne n’ose penser que ces derniers agiront sur le terrain militaire directement face à la Russie, car on ne parlerait là que rien que moins d’une troisième guerre mondiale. D’autant plus que les Américains ne sont pas intervenus militairement sur des dossiers moins sensibles (comme la Syrie).
Ainsi, après la période de “danse des muscles américaine”, il va bien falloir que les véritables protagonistes du dossier ukrainien s’assoient autour de la table pour discuter. Et parmi ces acteurs, la Russie jusque-là absente devient incontournable. Il n’est plus possible de l’ignorer.
Dans une interview dans un journal russe en décembre, un diplomate russe déclarait : “Nous observons en silence les marionnettistes de la révolution ukrainienne. Laissons les jouer. Le moment venu, nous les ferons sortir de derrière le mur et mettrons fin à cette mauvaise pièce de théâtre”.
Des paroles qui prennent tout leur sens aujourd’hui.
La question qui se pose maintenant est : et si les Russes avaient laissé les Occidentaux faire jusqu’au bout pour au final les enfermer dans un piège diplomatique ? Piège dont seuls les Russes possèdent désormais les clefs de sortie. Si c’était le cas, les Occidentaux auraient rendu un grand service à Poutine qui, après des Jeux olympiques réussis et une victoire diplomatique sur le dossier syrien, continue d’amener la Russie au premier rang des puissances mondiales.
Mais le pire serait pour les révolutionnaires ukrainiens qui se sont lancés dans cette révolution en comptant sur l’Europe et les États-Unis. Lâchés sur le terrain par des Occidentaux qui refuseraient l’escalade avec la Russie, ils se retrouveront seuls face à un adversaire redoutable.